2001 nuits et des poussières

La sonnerie du réveil ne sera pas nécessaire.

 

La main est la première à s'éveiller. Elle caresse le drap, frôle la douceur et les plis du coton. Dans la chaleur apaisante du lit, elle voyage vers sa destination, son port d'attache. A son tour, la mémoire renait, encore paisible et embrumée, pareille à une mer d'huile. Mais la main sur son chemin ne butte sur rien et à mesure que les doigts cherchent en vain, la mémoire trouve. Sortent du sommeil des bribes de souvenirs acides et coupants. Puis un doute. Puis un moment. Une certitude. 

 

La main se crispe, la panique s'invite, le souffle se coupe. Les yeux, grands ouverts, fixent l'absence. 

 

Alors, ce matin encore, c'est au tour de la douleur et des pleurs de resurgir. La douleur est aussi vive que les larmes inépuisables. Un puit sans fond. Une lame de fond. Vertigineuse. Sans cesse, chaque matin, chaque midi, chaque soir, elles naissent, roulent et déferlent les larmes, à l'image de tsunamis, sans retour possible, les unes après les autres. Puis elles se noient dans les draps et rejoignent son odeur encore là. Il est parti il y a quelques jours seulement.

 

Ce n'est pas un cauchemar, c'est juste un réveil.

The alarm clock will not be necessary.

 

The hand is the first to awaken. It caresses the sheet, brushing against the softness and folds of the cotton. In the soothing heat of the bed, she travels to her destination, her home port. In turn, the memory is reborn, still peaceful and misty, like a sea of oil. But the hand on its way comes up against nothing and as the fingers search in vain, the memory finds. Snippets of acidic and sharp memories come out of sleep. Then a doubt. Then for a moment. One certainty. 

 

The hand is tightened, panic invites itself, the breath is cut off. The eyes, wide open, stare at the absence. 

 

So, this morning again, it is the turn of pain and tears to reappear. The pain is as vivid as the inexhaustible tears. A bottomless well. A ground blade. Vertiginous. Every morning, every noon, every evening, they are born, rolled and burst into tears, like tsunamis, with no return possible, one after the other. Then they drown in the sheets and join his smell again there. He left only a few days ago.

 

It's not a nightmare, it's just a wake-up call.