// Samah //

Il y a des gens comme des rayons de soleil, des silences aussi généreux que des grandes confessions et des sourires communicatifs.

 

Samah avait une vingtaine d'années. Il portait un t-shirt sale, un pantalon troué qu'il retroussait souvent. Il m'a vu débarquer avec mon sac et mon amour sur le dos, dans cet oasis du désert blanc. J'étais venu rejoindre mon homme, celui pour qui il travaillait de temps en temps. Il souriait de la situation, intimidée autant que moi. Pendant 15 jours, on se croiserait. Il ne parlait pas un mot d'anglais, moi trois d'arabe. Ca risquait d'être un peu compliqué. On s'est côtoyé pour finir par s'apprécier sans vraiment se connaître. Il y a des gens comme ça. 

Ses « Hello Nadiiiiiiine » qu'il lançait à chaque fois qu'il me croisait avaient une intonation reconnaissable entre milles. Si on se croisait 20 fois, 20 fois il me le disait. 20 fois avec un sourire large comme l'immensité. Il ne possédait rien mais il donnait tout ce qu'il avait. Son temps, sa gentillesse, ses espoirs, ses sourires.

 

Samah est parti faire son service militaire dans le désert du Sinaï. Aujourd'hui Samah n'est plus. Il n'est pas revenu. Assassiné par des islamistes. Lui qui ne faisait pas de mal à une mouche et qui riait de me voir tétanisée devant une araignée.