// Fishmetery //

Je voulais photographier des poissons. Encore. Dans la cuisine du restaurant face à la mer, 2 beaux spécimens m'avaient été réservés, ces deux-là ne seraient dévorés que par mes yeux, les clients devraient s'en passer. 

 

J'allais partir avec mon butin quant il est arrivé : 7 ou 8 ans, bronzé, un peu potelé, en maillot, pieds nus mouillés, tenant dans sa main le Graal dans un saut en plastique. 4 petits poissons, 3 encore vivants. Il plongeait sa main dans l'eau et agitait ses habitants en de larges gestes circulaires, pour les faire virevolter, morts ou vivants. Il parlait, joyeux, dans cette langue que je ne comprends pas. Il n'espérait sans doute pas trouver ici l'acheteuse de la totalité de sa pêche. Il n'a pas eu à négocier. Il est reparti avec quelques pièces et un sourire grandit.

 

Quand quelques minutes plus tard, je suis venue récupérer mes modèles à branchies, ils m'attendaient bouche-bée, trépassés. Mon cœur s'est un peu serré. On ne se refait pas. Alors, je les ai immortalisés.